Francisco Goya (Francisco José de Goya y Lucientes) est né en 1746 à Fuendetodos, près de Saragosse, en Espagne. Très tôt, il manifeste un talent exceptionnel pour le dessin et débute sa formation auprès de José Luzán y Martínez, peintre baroque de Saragosse. En 1763, il s’installe à Madrid où il travaille dans l’atelier du peintre de cour Francisco Bayeu, qui deviendra aussi son beau-frère.
Après plusieurs tentatives infructueuses pour entrer à l’Académie royale, Goya décide de voyager en Italie pour approfondir sa connaissance des techniques classiques. De retour en Espagne, il reçoit ses premières commandes de fresques pour des églises et chapelles, dans un style encore influencé par le baroque-rococo. En 1775, il commence à travailler pour la manufacture royale de tapisseries Santa Bárbara, une étape importante dans son entrée dans les cercles de la cour.
Au fil des années, Goya développe un style pictural personnel, plus libre et expressif, nourri par l’étude de Rembrandt et Velázquez. Il devient un portraitiste recherché par l’aristocratie espagnole, réalisant des œuvres puissantes et psychologiquement denses, comme les portraits de Charles IV, du comte de Floridablanca ou encore de la marquise de Pontejos.
En 1792, un AVC le rend totalement sourd, un tournant décisif dans sa vie et son œuvre. Isolé du monde sonore, il se retire et adopte une vision critique de la société. Il réalise des tableaux plus sombres, à la palette austère, et publie en 1799 la série Los Caprichos, où il dénonce la folie, l’hypocrisie et la superstition de son temps.
Pendant la guerre d’indépendance contre Napoléon, Goya reste peintre de cour tout en documentant les atrocités du conflit. Il réalise les Désastres de la guerre (1810–1814), une série de gravures poignantes et sans concession, qui dénoncent la barbarie des deux camps, et témoignent de son humanisme lucide.
En parallèle, il choque l’opinion avec La Maja nue (1801), premier nu réaliste de l’art espagnol à montrer les poils pubiens, ce qui lui vaut une convocation devant l’Inquisition. À partir de 1820, retiré dans sa maison de campagne, il peint les célèbres Peintures noires, visions hallucinées et pessimistes de l’humanité, dont Saturne dévorant un de ses enfants est le tableau le plus emblématique.
En 1824, face à la montée de la répression en Espagne, il s’exile à Bordeaux, où il retrouve une communauté d’exilés et continue à dessiner, peindre et observer le monde qui l’entoure. Il s’éteint en 1828 à l’âge de 82 ans, laissant derrière lui une œuvre radicale et visionnaire, qui influencera profondément l’art moderne, de Delacroix à Picasso.